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Par Mona Riou le 28 février 2019
Sur leur île, d’une dizaine de kilomètres de largeur, située au large de la Birmanie, ils sont entre 50 et 200 environ et sont sûrement, selon la plupart des anthropologues, les descendants directs des premiers humains venant d’Afrique qui se sont installés en Asie il y a une cinquantaine de milliers d’années.
Leur première rencontre avec le monde extérieur daterait de 1880, lorsqu’un officier de la marine britannique, Maurice Vidal Portman, parvient à accéder à l’île et se rapprocher suffisamment du peuple, grâce à de nombreuses offrandes. Il décide d’enlever quelques Autochtones pour les ramener sur le continent et les étudier. Les adultes décèdent assez rapidement de maladies, il renvoi alors les enfants sur l’île pour les sauver. La mémoire collective d’une tribu si restreinte est particulièrement efficace et pérenne. Cet événement traumatique est donc probablement la cause de leur méfiance accrue envers le monde extérieur.

C’est d’ailleurs cette méfiance qui les a rendus célèbres de nos jours. En novembre 2018, un jeune Américain, John Chau s’est fait tuer par les Sentinelles à quelques mètres de la plage défendue. Il venait pour « apporter Jésus » au peuple païen, il espérait convertir à lui seul une civilisation entière tout en documentant son périple sur Instagram et dans son journal. Malgré sa volonté sans failles, dès qu’il fut à portée de leurs flèches, les Sentinelles se sont armés de leurs arcs et flèches et ont tiré. Le jeune chrétien est alors décédé, son cadavre ayant été repéré sur son canoë, impossible à récupérer par les autorités. En effet, le gouvernement indien a abandonné toute tentative d’accès à l’île, après plusieurs essais dans les années 70 et 80, et a interdit à quiconque de l’approcher à moins de 5 km depuis 1996.
Cet incident n’était pas le premier. En 2006, deux pécheurs dont le bateau avait dérivé pendant la nuit, ont été tués de la même manière. En 1974, une équipe de télévision a documenté la tentative d’approche d’un anthropologue venu apporter des cadeaux. Un des membres de l’équipe a été blessé par une flèche longue de plus de 2 mètres.
Ils ne disposent que d’un système immunitaire très faible et ne survivraient pas au moindre rhume venu de l’extérieur de l’île
Il n’empêche que, même sans en être conscient, ce peuple a bien raison de s’isoler. Il a été prouvé par l’ONG de protection des tribus Autochtones Survival International, source de nombreux des chiffres dont on peut aujourd’hui avoir connaissance, qu’ils ne disposent que d’un système immunitaire très faible et ne survivraient pas au moindre rhume venu de l’extérieur de l’île. Tout contact avec notre monde pourrait être fatal à la civilisation entière.
Ces méthodes de survie sont sources de nombreuses problématiques géopolitiques et humanitaires. Le choix est alors fait de laisser les Sentinelles en paix, de maintenir cette bulle en l’état pour le bien-être de tous.